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développons-nous durablement!
23 avril 2008

Réflexions sur les « constructions durables »

Ci-dessous, j’ai repris un condensé d’un article paru dans le magazine « construction » de février 2008. En fait de condensé, il s’agit de la presque totalité de l’article car les réflexions qui y sont présentées  me semblent essentielles. Je remercie ma collègue, Pascale, pour la référence : c’est le genre d’information que j’apprécie que l’on me communique afin d’alimenter ce blog.

A l’heure où tous les médias parlent quotidiennement de développement durable, où de nombreuses associations fleurissent nous inondant de documentations en tous genres, il est intéressant de remettre les pendules à l’heure : c’est ce que fait le professeur Hugo Hens, ingénieur du département « génie civil » de la K.U.Leuven (Belgique) :

«  N’allez pas me parler de faire placer des cellules solaires quand on peut déjà commencer à mieux isoler le toit, le sol, les baies, les parois de son habitation. Commencez par ventiler mieux, en économisant l’énergie, par installer un système de chauffage à haut rendement. Mais surveillez toujours le rapport entre votre investissement et ce qu’il va vous rapporter. Et si une paroi extérieure peut, techniquement, être isolée sur le plan thermique, mais à grands frais, vérifiez d’abord si le jeu en vaut la chandelle !

Les panneaux photovoltaïques sont chers et leur rendement est faible. C’est pareil pour les chauffe-eau solaires.  J’en ai un : il me fait épargner 12% de ma consommation électrique annuelle (4.500 kWh). Vu ce faible rendement, je ne comprends pas la politique de subsides massifs pour ce type d’investissement qui est la cerise sur le gâteau mais certainement pas l’essentiel du menu.

La rénovation n’exclu pas la construction neuve, car il y a des habitations qui ne méritent même plus d’être rénovées. Une étude de doctorat en cours dans mon département ne présente pas les maisons passives comme le choix optimal car ce qu’elles coûtent compense insuffisamment ce qu’elles apportent. On ne dit par exemple pas assez que leur isolation exige des murs d’une telle épaisseur – pas loin d’un demi-mètre ! – que beaucoup d’espace est ainsi perdu. Ce qui n’est pas sans frais non plus. En fait, pour le standard passif, nous ne disposons pas encore des matériaux qu’il faudrait.

Ce qui vaut la peine, c’est de viser un habitat « basse énergie » avec un niveau global d’isolation K de 25 ou 30 et un niveau E de 60 à 65, parce que c’est à ce niveau que l’optimum économique est atteint. Il faut veiller à sa ventilation autant qu’au confort solaire. Beaucoup de gens ne jurent que par les grandes baies vitrées. En hiver, cela ne devrait plus poser de problème : on produit aujourd’hui des vitrages dont la valeur U est de 0,5 W/m²K. Mais si vous ne couplez pas ces grandes baies avec un système de protection solaire, vous aurez besoin d’air conditionné en été ce qui est tout sauf économique sur le plan énergétique ! (…)

La maison individuelle que nous connaissons ici n’est d’ailleurs pas un exemple de durabilité. Une quatre façade consomme davantage d’énergie et d’espace et est souvent difficile à adapter aux besoins des occupants suivants. Un territoire aménagé en habitat groupé est plus durable qu’un habitat dispersé, qui s’accompagne de connexions plus onéreuses aux égouts, à l’électricité, au gaz, etc.… et d’une augmentation du trafic routier. La Belgique construit aussi très grand. De toute l’Europe, seul le Grand-Duché construit encore plus grand. De plus, on y construit pour une période relativement courte, comme la vingtaine d’années où les enfants seront à la maison et puis après, la maison est devenue trop grande ! Du coup, beaucoup de ces « baraques » à la campagne sont difficiles à vendre, faute  d’amateurs. Mais on continue à construire de plus en plus grand ! Le Belge veut, par son logement, afficher son standing…. (…)

On surestime souvent l’effet des investissements économiseurs d’énergie, car les économies qu’ils génèrent rebondissent en créant un pouvoir d’achat qui va permettre d’autres dépenses consommatrices d’énergie. Le même niveau de confort domestique coûtant moins, on va augmenter le confort ailleurs, se mettre à chauffer des pièces qui restaient froides avant, on va monter d’un cran le thermostat et relancer ainsi la facture énergétique.

Des économies de chauffage permettent aussi de libérer des fonds pour s’acheter une plus grosse voiture ou pour s’offrir un minitrip en avion, toutes choses dispendieuses en consommation énergétique. Que signifie alors l’habitat durable si la vie qu’on mène par ailleurs ne vise pas, elle aussi, un développement durable ? »

A méditer… et vous, quelles sont vos réactions suite à cet article ?

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